Quand l'Amitié fait mal... Ou se fait la Malle
Il y a 12 ans, j'ai rencontré The Best One. Sous ce sobriquet tout droit sorti d'une phase pré-pubère adoratrice de Justin Bieber, je désigne ma meilleure amie. Celle qui a toujours été là toutes ces années, celle avec qui j'ai des délires intemporels, celle a qui j'ai toujours pu tout dire.
La vie ne m'a jamais parue vide parce que j'ai toujours su que The Best One était là, derrière moi, prête à me rattraper au vol quand je tombais. Et je dois avouer que je suis une grande adepte de la chûte libre sentimentale. Du saut en parachute amoureux (avec grosse tendance à oublier le parachute). Bref, au fil des ans, The Best One est passée experte dans l'art du passage de mouchoirs, du câlin réconfortant et de la blague ironique sur les-mecs-tous-des-salauds.
Ca fait cliché dit comme ça mais The Best One est comme ma soeur (d'un autre côté, elle se retrouve déjà estampillée d'un surnom 14 ans d'âge alors ce genre de banalité reste dans le ton). Une soeur en mieux, parce que choisie.
Quand on pense que tout a commencé il y a 12 ans, le jour de la rentrée, dans une salle de classe où nous nous étions retrouvée assise côte à côte par un "J'adore ton T-shirt"... La Vie nous réserve parfois de drôles de surprises. Surtout quand je me souviens que je n'aimais pas vraiment son T-shirt mais que lui dire "Je te trouve très jolie" aurait pu jeter une certaine ambiguité sur mes intentions.
Je pensais qu'on allait tout traverser, qu'on se marierait côte à côte, que nos gosses joueraient ensemble... Ouais, je me croyais dans un téléfilm américain. Mais j'y croyais dur comme fer.
Maintenant, j'ai l'impression que tout est en train de se casser la gueule.
(avec la petite image culcul qui va bien. D'ailleurs, je vous invite à taper "amitié" dans google images,
un temple du bon goût à base de bébés, chatons, fées et couleurs criardes)
The Best One déteste le Sicilien. Genre vraiment. Elle trouve que c'est quelqu'un qui ne vaut rien, qui ne me mérite donc pas, qui n'est ni beau ni intelligent ni intéressant. En gros, pour elle, je vis avec Mister Hyde.
A la base, le fait qu'elle ne l'aime pas ne me posais pas vraiment de problème. Ca ne l'empêchait pas de m'aimer, moi. Sauf que son animosité se voit. Beaucoup.
Tout a commencé quand le Sicilien m'a quitté au bout de 4 mois de relation parce qu'il ne se sentait pas prêt à se mettre en couple. Comme toujours, The Best One a été là pour ramasser à la petite cuillère moi, mon petit coeur brisé et mon nez tout morveux.
15 jours après, je me remettais avec le Sicilien. Prendre un peu de temps pour réfléchir et être sûr d'être avec la bonne personne ne me semblait pas insensé, même si ça m'avait fait de la peine. Mais The Best One ne l'a pas vu comme ça. Et elle me l'a expliqué clairement : " si tu te remets avec lui, ne viens pas me voir s'il te quitte à nouveau. Ca me bouleverse trop de voir dans quel état de tristesse tut te mets pour le reprendre quand même après".
Là, je m'étais dis que si elle avait envie de pleurer 10 ans à cause du même mec, je ne lui aurais jamais dis ça. J'aurais été là à chaque fois. Sauf qu'elle a plus de bon sens que moi donc je doute que ça arrive.
Donc, le Sicilien et moi, nous sommes restés ensemble mais tout n'a pas été rose. On a eu besoin de beaucoup de temps pour s'habituer à nos caractères respectifs. Avant de s'apprivoiser, il y a eu des colères, des cris et des larmes (même là, on est complémentaires : lui, il gueule et moi, je chouine). Quand ça n'allait pas, j'appelais The Best One, comme toujours. Je ne me rendais pas compte qu'elle finirait par le détester. Je pensais qu'elle prennait ma défense mais qu'elle serait heureuse si on arrivait à être heureux tous les deux.
Quand les choses se sont arrangées entre le Sicilien et moi, j'ai essayé de lui en parler. Mais elle ne s'est pas réjouie, non.
Maintenant, on en est là :
- quand le Sicilien fait quelque chose qui me fait de la peine, c'est un gros connard et je suis idiote de rester avec.
- quand il fait quelque chose qui me fait plaisir, c'est pour mieux m'embobiner et me soumettre à sa volonté.
Pour The Best One, dans mon couple, je suis une opprimée qui n'ose jamais rien dire, qui se laisse complètement écraser par un mec qui ne l'aime pas et qui reste avec elle pour le confort d'une relation avec une fille pas chiante. Je ne l'ai pas inventé, elle me l'a dis. Textuellement (mais en plusieurs fois, là j'ai fais un condensé).
A la pizzéria où on travaille ensemble, si je dis que je suis heureuse de vivre en couple, elle marmone "tant que ça dure".
Le Sicilien m'a préparé le repas ? "Il peut bien faire des efforts de temps en temps, non ?"
Le Sicilien s'est fait très élégant pour m'accompagner à une soirée ? "C'est pas comme si ça allait le rendre assez beau pour toi".
J'annule un apéro-fille ? "Ca y est, c'est le Sicilien qui a décidé que tu ne pouvais pas y aller".
Les réflexions sont permanentes. Et quand j'essaie de lui dire qu'il est gentil et attentionné (bien que colérique avec un sale caractère) , elle prend l'air sceptique comme si je mentais pour le défendre.
Résultat ? Je ne la vois plus, je ne l'appelle plus, je ne lui raconte plus rien. Et je me sens seule. Et triste.
Ma gueunon, je ne sais pas si tu me lis mais tu me manques.